I want to die at sunset. I want to watch the sky change and turn orange and pink and purple as day dies into night. I want to hear the wind fluttering through the leaves and smell very faintly, nag champa amber incense, but very faintly, because scent can be tough on a dying body. I want to die with socks on my feet because I get cold. And if I die with a bra on, I'm coming to haunt everybody.
Je souhaite mourir au coucher du soleil, regarder le ciel changer et passer de l’orange au rose, puis au violet, alors que le jour meurt pour faire place à la nuit. Je veux entendre le vent à travers les feuillages et sentir très faiblement l’encens à l’ambre Nag Champa, mais très faiblement, car l’odeur peut être dure sur un corps mourant. Je veux mourir avec des chaussettes aux pieds car j’attrape froid. Et si je meurs avec un soutien-gorge, je reviendrai hanter quelqu’un.
(Laughter)
(Rires)
I will terrorize you and that is a threat, OK?
Je vous emplirai de terreur et c’est une menace.
I want to die in my own bed, at my own home, with my loved ones nearby who are talking amongst themselves and comforting each other for this very big thing that's about to happen in their lives. I want to die with all my affairs in order so my loved ones have nothing to worry about but their grief after I die. I want to die empty, devoid of all of the skill, gift, talent and light that I carry in this body and satiated, full of the richness of this one unique human ride. And when my loved ones notice that I have released my last breath, I want them to clap. I want them to clap because I died well, but I died well only because I lived well.
Je veux mourir dans mon lit, chez moi, avec mes proches à mes côtés qui parlent entre eux et se réconfortent les uns les autres, pour cette très grande chose qui va se produire dans leur vie. Je veux mourir avec toutes mes affaires en ordre afin que mes proches n’aient d’autre souci que leur chagrin après ma mort. Je veux mourir vide, débarrassée de toute compétence, don, talent et lumière que je porte dans ce corps, et rassasiée, emplie de la richesse de cette unique chevauchée humaine. Et quand mes proches s’apercevront que j’ai rendu mon dernier souffle, je veux qu’ils applaudissent. C’est mon vœu car j’aurai eu une belle mort, mais ma mort sera belle uniquement en raison de ma belle vie.
Now, will it happen this way? Probably not. Realistically, I mean, even with all this rah-rah death talk I talk, I'm probably going to go kicking and screaming.
Cela se passera-t-il ainsi ? Probablement pas. En réalité, même avec mon discours passionné sur la mort, je vais probablement donner des coups de pied et crier.
(Laughter)
(Rires)
Unless we choose, the date, place, manner and time of our death will remain a mystery. Then why think about it at all? Death creates context for our lives. My entire life is leading up until that point. How we die creates the period at the end of the sentence, but it is the period that makes it a sentence at all.
À moins de choisir, la date, le lieu, la manière et l’heure de notre mort restent un mystère. Alors pourquoi donc y penser ? La mort donne une perspective dans nos vies. Ma vie entière me conduit à ce point. La façon de mourir constitue le point final à la fin de la phrase, mais c’est le point final qui en fait une phrase.
Imagine for a moment your 847th birthday. OK, try. I mean, you're probably pushing 30, 40, 50, 60, 70 in this room. Imagine 847 of them. So you’re sitting there and your body is raggedy. Because unless they cure aging, I promise you, you do not want to be immortal. I promise, you're going to be begging for death. So it's your 847th birthday. Here they come with a cake. No candles on it, because it would burn the house down. And now here they come, singing that same tired song. "Happy birthday to you," you would be so over it. And if it was a Stevie Wonder version, that song is already 45 minutes long, you'd be extra over it.
Imaginez un instant votre 847ème anniversaire. OK, essayez. Vous vous approchez peut-être des 30, 40, 50, 60, 70 ans. Imaginez 847. Vous êtes assis là et votre corps est en lambeaux. À moins que le vieillissement soit guéri, je vous assure que vous ne voulez pas être immortel. Je vous jure, vous allez supplier de mourir. C’est votre 847ème anniversaire. Les voilà avec un gâteau. Pas de bougies dessus, car cela brûlerait la maison. Tout le monde est là, à chanter cette maudite ritournelle. « Joyeux Anniversaire », vous voudriez tant tourner la page. Et avec la version de Stevie Wonder, qui dure 45 minutes, vous n’en pourriez plus.
(Laughter)
(Rires)
Nobody wants that. We count birthdays now because they're finite. They're special. They mark the passage of time, and one day, we won't have any more time. And I find that to be a really useful fact. I think it's healthy for us to think about our death.
Personne n’a envie de ça. On compte les anniversaires car ils sont limités. Ils sont spéciaux. Ils marquent le passage du temps, et un jour, nous n’aurons plus de temps. Et je trouve que ce fait est très utile. Pour moi, il est sain de penser à la mort.
And you might say, of course I do, because I'm a death doula. I wanted us to embrace thinking about our mortality. I spend a lot of time thinking about, talking about, helping people prepare and teaching death doulas. Death doulas offer non-medical and holistic care for the dying person, the circle of support and the community through the process.
Et vous pourriez dire : « Évidemment, tu es une thanadoula ». Je voudrais que nous ayons une réflexion sur notre mortalité. Je passe beaucoup de temps à penser, à parler, à aider les gens à se préparer, et à former des thanadoulas. Les thanadoulas offrent des soins non médicaux et holistiques à la personne mourante, son cercle de soutien et sa communauté, à travers le processus de fin de vie.
I want to acknowledge first what a privilege it is for people to be able to know about and afford and hire a death doula. We're working on it. And next, what a privilege it is for me to even be able to imagine my own death. It says that I have a sense of safety. My basic bodily needs are met. And I have safety in my body, my mind and in my life, even despite the skin I wear.
D’abord, je souhaite reconnaître le privilège d’être en mesure de connaître et d’engager un thanadoula. Nous y travaillons. Et c’est tout autant un privilège pour moi de même pouvoir imaginer ma propre mort. Cela m’apporte un sens de sécurité. Mes besoins corporels de base sont satisfaits. Et je me sens en sécurité dans mon corps, mon esprit et dans ma vie, même malgré ma couleur de peau.
That wasn't always the case. I came to this work by serendipity, by circumstance, but mostly by necessity. A little over ten years ago, I was practicing law at the Legal Aid Foundation of Los Angeles, and I grew depressed. Not like, "Oh my God, I'm so depressed," but like, for real depressed, like, "can't get out of bed" depressed, "can't shower" depressed, can't find hope, "can find a smile, but can't really find joy," type of depressed. I took a medical leave of absence, so I went to Cuba, and I met a woman there, a fellow traveler on the bus, who had uterine cancer. We spent the 14-hour bus ride talking about her life and also her death. And it was a highly illuminating conversation. I heard firsthand how hard it was for her to even be able to talk about her fears around mortality and her disease because people censored their own discomfort with mortality rather than make space for her. I took the invitation, however, to think about my mortality and looked at my life from the perspective of my death for the very first time. And it was grim, I did not like what I saw. I noticed then that I had to live life on my own terms because I was the only one who was going to have to contend with all the choices that I'd made at my death.
Ça n’a pas toujours été le cas. Je suis venue à ce travail par hasard, par un concours de circonstances, mais surtout par nécessité. Il y a un peu plus de dix ans, J’exerçais le droit à la Legal Aid Foundation de Los Angeles, et j’ai fait une dépression. Pas du genre : « Oh, je me sens si déprimée », mais plutôt la vraie dépression, celle qui empêche de sortir du lit, de prendre sa douche, de trouver espoir, celle avec laquelle je peux sourire sans être vraiment joyeuse : cette déprime-là. J’ai pris un arrêt maladie, je suis allée à Cuba, et j’y ai rencontré une femme, une compagne de voyage dans le bus, qui avait un cancer de l’utérus. Nous avons passé les 14 heures du trajet à parler de sa vie et aussi de sa mort. Et ce fut une conversation très instructive. J’ai entendu à quel point c’était dur pour elle de pouvoir parler de ses peurs face à la mortalité et sa maladie, parce que les gens censuraient leur propre inconfort face à la mortalité au lieu de le libérer pour elle. J’ai cependant accepté l’invitation à réfléchir à ma mortalité et j’ai regardé ma vie sous l’angle de ma mort pour la toute première fois. Et c’était glauque, je n’ai pas aimé ce que j’ai vu. J’ai alors réalisé que je devais vivre ma vie selon mes propres conditions car je serai la seule à confronter tous les choix que j’aurai faits, au moment de ma mort.
Not long after I came back from Cuba, my brother-in-law, Peter Saint John, became ill. And not too long after that, they couldn't cure him anymore. So I went to New York, where he and my sister and my niece were, and along with Peter's family and my family and his friends, we ushered him to the end of his life.
Peu de temps après mon retour de Cuba, mon beau-frère, Peter Saint John, est tombé malade. Et très peu de temps après, on ne pouvait plus le guérir. Je suis allée à New York, où lui, ma sœur et ma nièce vivaient, et avec la famille de Peter, ma famille, et ses amis, on l’a accompagné à la fin de sa vie.
Being present for Peter's death is one of the greatest gifts I've ever been given. Not only did I get to care for somebody who I loved so dearly, but it also grew my capacity for compassion. I knew, intellectually, that there were thousands of other people that were walking through the same thing at the same time. And it also hinted at the things that I've been talking about in Cuba. Everybody was uncomfortable with the fact that he was going to die, even the medical care team. I knew that there should be somebody, somebody who was there, somebody who could be with us to walk alongside us. Somebody who could listen to us, offer resources, hold our hands, hold our hearts, bear witness to our pain, help us sort through information, tell us that we were doing the best that we could with the worst that we were dealt. But I couldn't find anybody. So I became that someone for other people.
Être présent à la mort de Peter est l’un des plus beaux cadeaux qu’on m’ait jamais offerts. Non seulement j’ai pu me soucier de quelqu’un que j’aimais sincèrement, mais cela a aussi accru ma compassion. J’avais conscience qu’il y avait des milliers d’autres personnes qui étaient en train de vivre la même chose au même moment. Et cela faisait aussi écho à ce que j’avais évoqué à Cuba. Tout le monde était mal à l’aise par le fait qu’il allait mourir, y compris l’équipe médicale. Je savais qu’il aurait dû y avoir quelqu’un, quelqu’un de présent, qui eut été avec nous, pour marcher à nos côtés. Une personne qui aurait su nous écouter, nous offrir les ressources, nous tenir la main, porter nos cœurs, témoigner de notre douleur, nous aider à démêler l’information, nous dire que nous faisions de notre mieux avec le pire qu’on nous avait fait subir. Mais je n’ai trouvé personne. Alors je suis devenue cette personne pour les autres.
I sit deep in the trench with folks as they prepare for death. There's no fixing or saving anything because there's no fixing or saving grief or death. It just is, I meet people where they are at. My goal is to help them answer the question: "What must I do to be at peace with myself so that I may live presently and die gracefully, holding both at the same time?"
Je m’immerge totalement dans la vie des gens au moment où ils se préparent à mourir. Rien n’est réparé ou sauvé, car on ne peut réparer ou sauver le deuil ou la mort. La mort est et je rencontre les personnes là où elles se trouvent. Je suis là pour les aider à répondre à : « Que dois-je faire pour être en paix avec moi-même pour pouvoir vivre l’instant présent et mourir avec dignité, et vivre les deux simultanément. »
When I'm thinking about my present life from the vantage point of my graceful death, I can see very clearly who I want to be, how I want to spend my time and what of me I'll leave behind. It allows me to consciously curate my life right now and also figure out my little "whys" right now. Because what are we waiting for, anyway? Like, death?
Quand je pense à ma vie actuelle avec le point de vue de ma mort dans la dignité, je peux voir clairement qui je veux être, comment je veux passer mon temps, et ce que je laisserai de moi. Cela me permet de négocier ma vie actuelle consciemment et de trouver la réponse à mes « pourquoi ». Car qu’attendons-nous, de toute façon ? La mort ?
I used to think dying people had it all figured out, though. I used to think that they'd lay there with their hands like this because we all know this is like, universal dying person pose. So they'd lay there with their hands like this, and there'd be a little glimmer in their eye, they'd be like, "Oh, yes, finally, it all makes sense." Turns out it's not like that at all, it doesn't look like that. Hollywood has lied to us, we know that already. Cinderella was unconscionable, but this is just flagrant. It's not like that at all. It's way too much work to be doing while you're dying. So it doesn't look like that, there's no secret, there's nothing magically you'll find out then. This is it, there's nothing to figure out, no big secret at all. Many of my clients also reached the end of their lives wishing that they had more time. But I'm always curious, more time for what? What else would they do with the time that they had? It's rarely to go see Machu Picchu, OK, I'll tell you that.
Je pensais que les gens mourants avaient tout compris, qu’ils seraient allongés avec leurs mains comme ça, la position universelle du mourant, comme nous le savons. Allongés avec leurs mains comme ça, une petite lueur dans leurs yeux, et ils seraient : « Oh, oui, enfin, tout cela a du sens. » Il s’avère que cela ne se produit pas comme ça. Hollywood nous a menti, on le savait tous déjà. Cendrillon, ce n’est franchement pas raisonnable. Ça ne se passe pas du tout ainsi. Il y a beaucoup trop de boulot pendant que l’on meurt. Ça ne ressemble pas à ça, il n’y a pas de secret, aucune magie à découvrir le moment venu. Il n’y a rien de plus, rien à comprendre, aucun grand secret. Beaucoup de mes clients atteignent la fin de leur vie en espérant avoir eu plus de temps. Cela attise ma curiosité : pour quoi faire ? Qu’est-ce qu’ils feraient d’autre avec ce temps ? C’est rarement pour visiter le Machu Picchu, je peux vous le dire. Puis-je vous raconter l’histoire Ce client est un portrait-robot.
Can I tell you a story? OK, so this client is a composite, very many clients shoved together because as juicy as their stories are, it's not my responsibility or job to tell them. So this is many clients together, and I find that it's an easy composite to make because it's universally applicable. This applies whether or not somebody has worked their entire life or sits on a big trust fund or works three jobs to keep the lights on. You might find bits of yourself in this story. This client is somebody who had a decent amount of privilege, but not without adversity, of course, because she's human. She had a great job, great career, had been a real trailblazer. Kids who she loved, who she was proud of, good friends, traveled a bunch, did a bunch of great things in her life, had plenty of romance and love. She was doing OK. The girl who had everything.
De très nombreux clients y correspondent, car aussi intéressantes que soient leurs histoires, ce n’est pas à moi de les relater. C’est l’histoire de plusieurs clients ensemble. et je trouve ce portrait-robot facile à faire car il est applicable universellement, que la personne ait travaillé ou non durant sa vie entière, ou qu’elle ait été rentière, ou qu’elle ait eu trois boulots pour survivre. Vous pourriez vous reconnaître dans cette histoire. Cette personne a bénéficié d’une vie relativement privilégiée, mais pas dénuée de malheur évidemment, car elle est humaine. Elle a eu un excellent travail, une grande carrière, des enfants qu’elle aimait, dont elle était fière, de bons amis, elle a beaucoup voyagé, fait de grandes choses dans sa vie et a eu des tas d’idylles et d’amours. Une vie réussie. La femme qui avait tout.
And then came a plot twist. That plot twist was an aggressive bone cancer that was likely going to kill her. And with that plot twist came a sense of pointlessness to her life. She couldn’t figure out what she’d been doing for the past 60-odd years because she'd been so busy doing. While she was healthy, it was about the next career milestone or what's happening with the kids next or the next trip. When she was sick, more of the same. Next doctor's appointment, next scan, next medication. She was so busy distracting herself from like, the difficulty that she found in her life, staying out of her body so that she didn't have to be present with what was going on. It was always out there, she was always looking out there. But death was coming to remind her that she had no more "out theres." That it was always only right here, where there is nothing at all to do but simply to be.
Et là, coup de théâtre. Ce coup de théâtre fut un cancer agressif des os qui allait probablement la tuer. L’impression d’avoir une vie dénuée de sens vint avec. Elle n’arrivait pas à savoir ce qu’elle avait fait ces 60 dernières années parce qu’elle avait été tellement occupée à le faire. Quand elle était en bonne santé, il s’agissait de sa carrière, des événements des enfants, ou du prochain voyage. Dans la maladie, du pareil au même. Prochain rendez-vous médical, examen, prochain traitement. Elle était tellement occupée à se détourner de la difficulté dans sa vie, à rester hors de son corps, qu’elle n’avait pas besoin d’être présente avec ce qui lui arrivait. C’était toujours ailleurs, elle regardait toujours ailleurs. Mais la mort se rapprochait, lui rappelant qu’elle n’avait plus d’ailleurs. Que c’était seulement ici, où il n’y a rien d’autre à faire à part seulement « être ».
We zoomed out on her life to look at what she enjoyed, to see where she placed value, because from there we can figure out where we place meaning. And it turns out it wasn't about the kids or the work or the money. It was about the little things. Her hands in the soil. Her garden. Building a fire, reading books and food. She loved to eat, but she had dieted most of her adult life. The sound at all familiar to anybody? OK, if it does, this is for you, OK? If you take nothing away, hear this: you are going to die, so please eat the cake. Eat the cake, order the dessert, eat the french fries, eat the brownies. Eat everything you want to, just eat it, because you're going to die. One day, you won't be able to anymore.
On s’est concentrée sur sa vie, sur ce qu’elle avait aimé, pour discerner les choses importantes à ses yeux, car c’est là qu’on trouve du sens. Il se fait que ce n’était ni les enfants, ni le travail, ni l’argent, mais bien les petites choses. Ses mains dans la terre. Son jardin. Faire du feu, lire des livres et manger. Elle adorait manger, mais elle s’était privée toute sa vie d’adulte. Ça ne vous rappelle pas quelqu’un ? Si la réponse est oui, ce message est pour vous. Vous allez mourir un jour, alors, reprenez du gâteau. Mangez le gâteau, prenez un dessert, mangez des frites, des biscuits. Mangez tout ce que vous voulez, car vous allez mourir. Un jour, vous n’en serez plus capable.
At this point in her disease process, chemotherapy had ravaged her taste buds, so she had to rely on her sense of smell to get pleasure out of eating. And she ate. She did it as much as she could because she knew she wouldn't be able to for much longer. She ate as much as cancer would allow, and when her body could no longer process food, we placed her favorite passion fruit soufflé right on her lip, and she would lick it and smile. She lived more in the last eight months or so of her life with the help of hospice than she had before. She was finally present, at home in her body, delighting in the richness of the sensory experience we have by virtue of these fantastical bodies that we will die in. These bodies that we will die in.
À ce stade de sa maladie, la chimio avait détruit ses papilles gustatives, elle n’avait plus que l’odorat pour ressentir du plaisir en mangeant. Alors, elle a mangé. Elle a mangé autant que possible, car elle savait qu’elle ne le pourrait plus très bientôt. Elle a mangé tant que le lui permettait le cancer, et quand ce ne fut plus possible, on a posé son mets préféré, un soufflé aux fruits de la passion, sur ses lèvres, qu’elle léchait en souriant. Elle vécut plus les derniers huit mois de sa vie avec l’aide des soins palliatifs qu’elle n’avait vécu auparavant. Elle était enfin présente, bien dans sa peau, se révérant dans le luxe de notre expérience sensorielle rendue possible par ce corps fantastique dans lequel nous mourrons. Ces corps dans lesquels nous mourrons.
She was also really curious about her legacy. What, if anything, she'd leave behind. But leaving a legacy isn't optional. We're doing it every single day. You're doing it with every smile, every word, every kind word, every harsh word, every action, every inaction, every dollar you spend. You're telling the people who are paying attention exactly who you are, and that is what they'll tell of you when you are gone. At her funeral, despite all of her career accomplishments, nobody talked about any of that. They talked about who she was, nobody cared about what she'd done. When we focus on our productivity, we highlight what we have to do to feel worthy, rather than who we get to be, where worthiness is our birthright and we are human.
Elle était aussi curieuse du legs qu’elle allait, peut-être, laisser. Mais laisser un legs n’est pas en option. On le fait chaque jour. Avec notre sourire, notre parole, nos mots gentils, nos colères, nos actions, nos non-actions, chaque euro que nous dépensons. On dit à ceux qui sont attentifs qui nous sommes et c’est ce qu’ils diront de nous quand nous ne serons plus là. À ses funérailles, personne n’évoqua ses accomplissements professionnels. On parlait de qui elle fut, sans se soucier de ce qu’elle avait accompli. Avec la productivité, on met en relief ce qu’il faut faire pour se sentir utile, et non sur qui on devient, comme si le mérite était un droit de naissance, mais nous sommes humains.
(Applause)
(Applaudissements)
We're human. Messily, magically, fantastically, beautifully, briefly, perfectly human. Now humans are meaning-making machines. We can make a story out of anything and make it sound good. So why not then make meaning out of the magic of the mundane? And absolve ourselves of the responsibility of trying to have some grand life purpose? Why not just give ourselves permission to be fully human, to be fallible, to be messy, to be here while we're here? I mean, is nobody else tripping out over the fact that we're on a giant blue rock spinning through space? Y'all don't trip about that, because I do regularly.
Nous sommes humains. Confusément, magiquement, fantastiquement, magnifiquement, brièvement, parfaitement humains. Les humains sont des machines à créer du sens. On peut créer une histoire extraordinaire à partir de rien. Alors, pourquoi pas créer du sens à partir de la magie de l’ordinaire. Et nous absoudre de la responsabilité de vouloir avoir une grande mission de vie. Pourquoi ne pas s’autoriser à être pleinement humain, à faire des erreurs, à être confus, à être présent tant que nous sommes là ? Personne d’autre que moi n’est-il interpellé par le fait qu’on soit tous sur un énorme rocher bleu projeté dans l’espace ? Cela ne vous empêche peut-être pas de dormir, mais moi, oui.
(Laughter)
(Rires)
And then what really trips me out is that while that's going on, we're getting bent out of shape over traffic. Please let the cars merge, OK? Can we agree universally we're going to let people merge? Let them merge, let them merge. Let them merge. It requires nothing of you, just to give them a little bit of time. And in fact, it's probably taking more time off your life by all the high blood pressure when you don't want to let them merge. Just let them in, it'll be fine, everybody's fine, it's OK. Hold life lightly. We've got to hold life really, really lightly. We are all dying. We're all dying.
Et ce qui me laisse vraiment pantoise, c’est que sur ce rocher dans l’espace, on est en colère dans les bouchons. Et si on laissait passer une voiture ? Peut-on tous enfin accepter de laisser passer une voiture ? Une seule ! Juste une seule ! Laissons passer ! Cela n’exige rien de nous, juste de laisser un peu de temps. D’ailleurs, s’exciter au volant nous vole un peu de notre vie, cette haute tension quand on empêche une voiture de passer. Laissez-la entrer dans le trafic, tout se passera bien. Acceptez la vie comme elle vient. Acceptons-la vraiment comme elle vient. Nous allons tous mourir. Nous allons tous mourir.
Now I can understand why people maybe don't want to talk about death or think about it. It's uncomfortable. It's sad, it's scary, icky. Acknowledging your death means that you are not the center of the story, and that is disquieting to the very fragile human ego. Acknowledging your mortality also means acknowledging our powerlessness and lack of control we have in life. Also icky. It also means surrendering to the big "I don't knows" of life and also the really big "I don't knows" of "what, if anything, happens after we die?" But since we don't know, why not imagine something absurd, something glorious, something huge? A vision that actually serves you rather than makes you want to recoil in fear. We could.
Certes, je comprends pourquoi les gens n’aiment pas parler de la mort, ou y songer. Cela met mal à l’aise. C’est triste, effrayant, repoussant. Accepter que l’on va mourir signifie qu’on n’est pas le héros de l’histoire. Or c’est une perspective inquiétante pour l’ego si fragile de l’humain. Reconnaître notre mortalité signifie aussi reconnaître notre impuissance et notre manque de contrôle dans notre vie. Ça aussi, c’est répugnant. Ça signifie aussi de lâcher prise avec les grandes inconnues de la vie, dont celle, immense : « que se passe-t-il après notre mort ? » Mais comme nous ne savons pas, pourquoi ne pas imaginer quelque chose d’absurde, quelque chose de glorieux, quelque chose de géant ? Une vision qui nous est vraiment utile, et qui ne nous fait pas reculer de peur. Pourquoi pas ?
You want to hear my working theory? It's absurd, OK? And please remember, even though I might kind of look like Miss Cleo, I don't know anything about what happens after we die, alright? This is just an idea, OK. So I'm on my deathbed. On the outside, they are clapping. On the inside -- well, I've hit my death pose, all right? I'm in my death pose. On the inside, I'm starting to feel everything I ever felt in this body, all at the same time. It's all starting to gather up in my body all at the same time. Like that one time I was 11 and I stepped on a frog. I mean, poor frog, and I felt so bad, but I was barefoot, ew, like, I can still feel it squishing up between my toes. Yuck.
Vous voulez connaître ma théorie ? C’est absurde, d’accord ? Souvenez-vous que, même si je ressemble à Miss Cleo, j’ignore ce qui se passe après notre mort. C’est juste une idée. Je suis sur mon lit de mort. À l’extérieur, on applaudit. À l’intérieur, j’ai adopté ma posture mortuaire. Je suis dans ma posture mortuaire. À l’intérieur, je commence à ressentir tout ce que j’ai déjà ressenti dans ce corps, tout à la fois. Toutes ces sensations montent ensemble dans mon corps. Comme la fois où, quand j’avais 11 ans, j’ai écrasé une grenouille. Pauvre grenouille, je me suis sentie si mal, mais j’étais pieds nus, beurk, je la sens encore s’écraser entre mes orteils. Beurk.
(Laughter)
(Rires)
When you bite into an orange and the juice squirts into your mouth, and then there's the little bite in your jaw, there's a little bite in your jaw because it's sour. Or when you first bite into a fried plantain. Or getting into clean sheets, that feeling gathering in my body, all the feelings, getting into a hot shower, listening to a song that you love for the very first time, I'm hearing Stevie Wonder "As" playing, how I feel my spirit when I see the color yellow. Just all these feelings are starting to roll up in my body. My niece’s laughter, my nephew trying to teach me how to Dougie. It did not go well. It didn't go well, I still don't know how to do it. How I can look into my partner's eyes and just by looking into his eyes, I can feel love in my body. All these feelings are starting to gather up in my body.
Comme quand on mord dans une orange délicieusement juteuse, mais il y a une petite morsure sur les lèvres car c’est acide, une orange. Comme la première bouchée d’un pain perdu. Ou bien la sensation de draps propres, cette sensation sur tout le corps, Toutes les sensations, entrer sous la douche chaude, écouter une chanson que l’on aime pour la toute première fois. J’entends « As », de Stevie Wonder. Mon état d’esprit en regardant la couleur jaune. C’est tout un déluge de sensations dans mon corps. Le rire de ma nièce, mon neveu qui m’apprend comment danser le Dougie. Ça n’a pas été un franc succès. Un échec total, je ne sais toujours pas danser le Dougie. Comment je me plonge dans les yeux de mon partenaire et en le regardant dans les yeux, je ressens l’amour dans tout mon corps. Tous ces sentiments se bousculent dans mon corps.
At the same time, I'm also feeling every little bit of pain I've ever felt physically and emotionally. I'm feeling all the sensations, I'm feeling anger, feeling rage, feeling frustration, feeling grief, feeling sadness, feeling all those things gathering up in my body. I'm feeling despair, desperation, sadness. I'm feeling insecurity. All the crippling doubt, I'm feeling all the failures, all the disappointments. Every single time I thought I couldn't make it through the day, It's all starting to gather up in my body. I'm also remembering every single time I did get up. So I'm also feeling all the hope, all the joy, all the awe, all the mystery, all the freedom that I feel in this body.
En même temps, je ressens aussi un peu de la douleur que j’ai ressentie physiquement et émotionnellement. Je ressens toutes les sensations, je ressens la colère, la rage, la frustration, le chagrin, la tristesse, Toutes ces choses se bousculent dans mon corps. Je ressens le désespoir, la détresse, la tristesse, l’incertitude. Tous les doutes qui me paralysent. Tous les échecs, toutes les déceptions. Chaque fois que j’ai cru ne jamais pouvoir terminer la journée, tout cela se bouscule dans mon corps. Toutes les fois où je me suis levée. Je ressens tout l’espoir, toute la joie, tout l’émerveillement, tout le mystère, toute la liberté que je ressens dans ce corps.
But most of all, I'm also feeling all of the love, all the aching love that underwrites it all. And when I cannot take it anymore, I am saturated with this experience that I've had, poof, I explode into a cosmic orgasm.
Mais surtout, je ressens l’amour, tout l’amour douloureux qui sous-tend tous les autres sentiments. Et quand je ne peux plus en supporter davantage, quand je suis saturée par cette expérience de sensations, boum ! j’explose dans un orgasme cosmique.
Audience: Yes!
Public : Oui !
AA: Yes. And like a pinata that's broken open, pieces of glitter start to fall from the sky. Glitter confetti, falling, falling. Orange, pink, purple, yellow, turquoise, everything. Gold, silver, falling, falling, falling, like a really soft snow shower. Falling everywhere. In larger concentrations on the people who loved me. And in lesser concentration on those people whose lives I touched. And then the rest of it just gets reabsorbed into a big undulating glitter wave that goes on all around as far as I can see, for all of eternity that envelops and encompasses us all. Maybe it's just glitter. Could it be? It could be anything. All I know is at that point, all I believe is at that point, when the glitter, all the pieces of me have been reencompassed, the I that I think of myself as, Alua Adwoba Arthur, having this one single solitary human experience, has been reenveloped into all that ever was and all that ever will be, And it is complete. And I am safe.
Oui. Et comme une piñata qui s’ouvre, des paillettes commencent à tomber du ciel. Des confettis, tombant encore et encore. Orange, rose, violet, jaune, turquoise, tout. Or, argent, qui tombent et tombent, comme des flocons de neige tombant doucement. Ils tombent partout. En grand nombre sur les personnes qui m’aimaient. Et en plus petit nombre sur les gens dont j’ai impacté la vie. Et puis le reste est simplement réabsorbé dans une grosse vague de paillettes qui s’étend tout autour à perte de vue, pour toute l’éternité qui nous entoure tous. Peut-être n’est qu’un coup d’éclat. Est-ce possible ? Cela pourrait être n’importe quoi. Tout ce que je sais ou crois aujourd’hui, Quand tous les éclats de moi auront été re-englobés, le je que je pense être, Alua Adwoba Arthur, ayant cette unique et solitaire expérience humaine, aura été enveloppée à nouveau dans tout ce qui a été et dans tout ce qui sera. Et c’est terminé. Et je suis en sécurité.
I am still far from where I was in Cuba. At that point, my death would have come as a relief. An ending to my pain and to my suffering and a way out of this life that I couldn't quite figure out how to get into. If I'm to die today, I know that my death will come as a celebration. As a culmination of a life lived in and loved. A life that's worth dying from.
Je suis quand même loin de ce que j’étais à Cuba. À l’époque, ma mort aurait été un soulagement. Une fin à ma douleur et à ma souffrance et une issue à cette vie dans laquelle je ne savais pas par où entrer. Si je devais mourir aujourd’hui, je sais que ma mort serait une célébration. L’aboutissement d’une vie vécue et aimée. Une vie qui vaut la peine de mourir.
After the last decade spent supporting people as they think through their lives and prepare for their death, I know, I trust that the real gift in being with our mortality is the sheer wonder that we live at all.
Après avoir passé cette décennie à épauler les gens au cours de leur réflexion sur leur vie et leur préparation à leur mort, je sais que, je suis persuadée que le vrai cadeau de notre condition mortelle est le simple miracle que nous vivons.
That's all I got. Thank you.
C’est tout ce que je sais. Merci.
(Cheers and applause)
(Acclamations et applaudissements)