For me they normally happen, these career crises, often, actually, on a Sunday evening, just as the sun is starting to set, and the gap between my hopes for myself and the reality of my life starts to diverge so painfully that I normally end up weeping into a pillow.
Pour moi ces crises de carrière se passent normalement, souvent en fait, un dimanche soir, juste au moment où le soleil est au point de se coucher, et l'écart entre mes espoirs personnels, et la réalité de ma vie, diverge avec tellement de douleur que d'habitude je finis par verser mes larmes sur un coussin.
I'm mentioning all this -- I'm mentioning all this because I think this is not merely a personal problem; you may think I'm wrong in this, but I think we live in an age when our lives are regularly punctuated by career crises, by moments when what we thought we knew -- about our lives, about our careers -- comes into contact with a threatening sort of reality.
Je mentionne tout ceci, parce que je ne pense pas que ce soit simplement un problème personnel. Vous pensez peut-être que j'ai tort. Mais je pense que nous vivons dans une période ou nos vies sont régulièrement ponctuées par des crises professionnelles, par moment quand ce que nous pensions savoir, sur nos vies, nos carrières, rentre en contact avec une réalité menaçante.
It's perhaps easier now than ever before to make a good living. It's perhaps harder than ever before to stay calm, to be free of career anxiety. I want to look now, if I may, at some of the reasons why we might be feeling anxiety about our careers. Why we might be victims of these career crises, as we're weeping softly into our pillows. One of the reasons why we might be suffering is that we are surrounded by snobs.
Aujourd’hui il est peut-être plus facile que jamais de bien vivre. C'est peut-être plus dur qu'auparavant, de rester calme, et de ne pas souffrir d'angoisse professionnelle. J'aimerai, si je le puis, analyser quelques unes des raisons pour lesquelles nous ressentons cette angoisse pour nos carrières professionnelles. Pourquoi nous sommes victimes de ces crises de carrière, quand nous pleurons dans nos coussins. Une des possibles raisons de nos souffrances est que nous sommes entourés par des snobs.
In a way, I've got some bad news, particularly to anybody who's come to Oxford from abroad. There's a real problem with snobbery, because sometimes people from outside the U.K. imagine that snobbery is a distinctively U.K. phenomenon, fixated on country houses and titles. The bad news is that's not true. Snobbery is a global phenomenon; we are a global organization, this is a global phenomenon. What is a snob? A snob is anybody who takes a small part of you, and uses that to come to a complete vision of who you are. That is snobbery.
D'une certaine manière j'ai une mauvaise nouvelle, particulièrement pour quelqu'un qui est venu à Oxford de l'étranger. Il y a un vrai problème avec le snobisme. Parce que les étrangers imaginent que le snobisme est un phénomène typiquement Anglais obsédé sur les maisons de campagne et les titres. La mauvaise nouvelle est que ce n'est pas vrai. Le snobisme est un phénomène global. Nous sommes une organisation globale. Ceci est un phénomène global. Il existe. Qu'est ce qu'un snob ? Un snob est une personne qui prend une petite partie de vous, et qui s'en sert pour établir une vision générale de qui vous êtes. Ceci est du snobisme.
The dominant kind of snobbery that exists nowadays is job snobbery. You encounter it within minutes at a party, when you get asked that famous iconic question of the early 21st century, "What do you do?" According to how you answer that question, people are either incredibly delighted to see you, or look at their watch and make their excuses.
Et le type de snobisme le plus commun qui existe aujourd'hui est le snobisme au niveau professionnel. On le rencontre après seulement quelques minutes à une fête, quand on vous pose cette célèbre question du 21ème siècle, « Qu'est ce que vous faites ? » Et selon votre réponse à cette question, les gens sont soit heureux de vous rencontrer, ou ils regardent leurs montres et s'excusent.
(Laughter)
(Rire)
Now, the opposite of a snob is your mother.
L'opposé d'un snob c'est votre mère.
(Laughter)
(Rire)
Not necessarily your mother, or indeed mine, but, as it were, the ideal mother, somebody who doesn't care about your achievements. Unfortunately, most people are not our mothers. Most people make a strict correlation between how much time, and if you like, love -- not romantic love, though that may be something -- but love in general, respect -- they are willing to accord us, that will be strictly defined by our position in the social hierarchy.
Pas nécessairement votre mère, ni la mienne. Mais, en fait, la mère idéale. Quelqu'un qui ne se préoccupe pas de vos accomplissements. Mais malheureusement la plupart des gens ne sont pas nos mères. La plupart des gens établissent une stricte corrélation entre l'investissement en temps, et si vous aimez, adorez, pas l'amour romantique même si ça peut être quelque chose mais l'amour en général, le respect, qu'ils veulent bien nous donner, sera strictement défini
And that's a lot of the reason why we care so much about our careers
par notre position dans la hiérarchie sociale.
and indeed start caring so much about material goods. You know, we're often told that we live in very materialistic times, that we're all greedy people. I don't think we are particularly materialistic. I think we live in a society which has simply pegged certain emotional rewards to the acquisition of material goods. It's not the material goods we want; it's the rewards we want. It's a new way of looking at luxury goods. The next time you see somebody driving a Ferrari, don't think, "This is somebody who's greedy." Think, "This is somebody who is incredibly vulnerable and in need of love."
Et voila plusieurs bonnes raisons pour lesquelles nous nous préoccupons de nos carrières. Et pourquoi nous nous préoccupons autant des biens matériels. Vous savez, on nous répète souvent que nous vivons dans une époque très matérialiste, que nous sommes des gens gourmands. Je ne pense pas que nous soyons particulièrement matérialistes. Je pense que nous vivons dans une société qui a simplement associé certaines récompenses émotionnelles à l'acquisition de biens matériels. Ce ne sont pas les biens matériels que nous voulons, ce sont les récompenses. Et ceci est une nouvelle façon de penser aux biens de luxe. La prochaine fois que vous voyez quelqu'un qui conduit une Ferrari ne pensez pas « Ceci est quelqu'un qui est avide. » Pensez, « Voila quelqu'un d'incroyablement vulnérable et en besoin d’amour. »
(Laughter)
En d'autres mots – (Rire)
Feel sympathy, rather than contempt.
ressentez de la sympathie, plutôt que du mépris.
There are other reasons --
Il y a d'autres raisons –
(Laughter)
(Rire)
There are other reasons why it's perhaps harder now to feel calm than ever before. One of these, and it's paradoxical, because it's linked to something that's rather nice, is the hope we all have for our careers. Never before have expectations been so high about what human beings can achieve with their lifespan. We're told, from many sources, that anyone can achieve anything. We've done away with the caste system, we are now in a system where anyone can rise to any position they please. And it's a beautiful idea. Along with that is a kind of spirit of equality; we're all basically equal. There are no strictly defined hierarchies. There is one really big problem with this,
Il y a d'autres raisons qui expliquent pourquoi il est plus dur maintenant de se sentir calme. Une de ces raisons, et c'est paradoxal parce que c'est lié à quelque chose d'agréable, c'est l'espoir que nous avons tous pour nos carrières. Jamais auparavant nos attentes n'ont été aussi élevées sur ce que nous pouvons faire tout au long de nos vies. On nous dit que l'on peut tout faire. Que nous nous sommes débarrassé du système de caste. Nous sommes maintenant dans un système où n'importe qui peut atteindre n'importe quelle position. Et ceci est une très belle idée. En même temps il y a une sorte d'esprit d'égalité. Nous sommes tous égaux. Il n'y a pas de hiérarchie strictement définie.
and that problem is envy. Envy, it's a real taboo to mention envy, but if there's one dominant emotion in modern society, that is envy. And it's linked to the spirit of equality.
Il y a un gros problème avec ceci. Et ce problème c'est la jalousie. La jalousie, c'est un vrai tabou de mentionner la jalousie, mais s’il y a une émotion dominante dans le monde moderne, c'est la jalousie. Et ceci est lié à l'esprit d'égalité. Laissez-moi vous expliquer.
Let me explain. I think it would be very unusual for anyone here, or anyone watching, to be envious of the Queen of England. Even though she is much richer than any of you are, and she's got a very large house, the reason why we don't envy her is because she's too weird.
Je pense que ça serait très inhabituel pour n'importe qui ici, d'envier la Reine d'Angleterre. Même si elle est beaucoup plus riche que n'importe qui d'entre vous. Qu'elle a une très grande maison. La raison pour laquelle nous ne l'envions pas c'est parce que elle est trop bizarre.
(Laughter)
Simplement trop bizarre.
She's simply too strange. We can't relate to her, she speaks in a funny way, she comes from an odd place. So we can't relate to her, and when you can't relate to somebody, you don't envy them.
On ne peut pas s'identifier à elle. Elle parle d'une drôle de façon. Elle vient d'un endroit bizarre. On ne peut donc pas s'identifier à elle. Et quand on ne peut pas s'identifier à quelqu'un, on ne l'envie pas. Plus on est semblable en âge et en expérience,
The closer two people are -- in age, in background, in the process of identification -- the more there's a danger of envy, which is incidentally why none of you should ever go to a school reunion, because there is no stronger reference point than people one was at school with. The problem of modern society is it turns the whole world into a school. Everybody's wearing jeans, everybody's the same. And yet, they're not. So there's a spirit of equality combined with deep inequality, which can make for a very stressful situation.
dans le processus d'identification, plus il y a de danger de jalousie. Ceci est d'ailleurs la raison pour laquelle aucun d'entre vous ne doit jamais aller à une réunion scolaire. Parce qu'il n'y a pas de point de référence plus fort que les gens avec qui nous sommes allés à l'école. Mais le problème est que, généralement, dans la société moderne, ça transforme le monde entier en école. Tout le monde porte des jeans, tout le monde est pareil. Et cependant ce n'est pas le cas. Il y a donc un esprit d'égalité, combiné avec de profondes inégalités. Ce qui nous amène à une situation très stressante.
It's probably as unlikely that you would nowadays become as rich and famous as Bill Gates, as it was unlikely in the 17th century that you would accede to the ranks of the French aristocracy. But the point is, it doesn't feel that way. It's made to feel, by magazines and other media outlets, that if you've got energy, a few bright ideas about technology, a garage -- you, too, could start a major thing.
Il est aussi improbable aujourd'hui de devenir riche et célèbre comme Bill Gates, qu'il était improbable au 17ème siècle d'accéder aux rangs de l'aristocratie Française. Mais le fait est que ça ne sent pas de cette façon. On est fait pour sentir, à travers des magazines et autres médias, que si vous avez de l'énergie, quelques bonnes idées technologiques, un garage, vous pouvez vous aussi commencer quelque chose de grandiose.
(Laughter)
(Rire)
The consequences of this problem make themselves felt in bookshops. When you go to a large bookshop and look at the self-help sections, as I sometimes do -- if you analyze self-help books produced in the world today, there are basically two kinds. The first kind tells you, "You can do it! You can make it! Anything's possible!" The other kind tells you how to cope with what we politely call "low self-esteem," or impolitely call, "feeling very bad about yourself."
Et les conséquences de ce problème se voient dans les librairies. Quand vous allez dans une grande librairie et regardez les sections des manuels, comme je le fais parfois, si vous analysez les manuels qui sont produits dans le monde aujourd'hui, il y en a de deux sortes. Le premier type vous dit, « Vous pouvez le faire ! Vous réussirez ! Tout est possible ! » Et l'autre vous dit comment il faut traiter ce qui est poliment appelé la « faible estime de soi », ou appelé insolemment « se sentir très mal dans votre peau ».
There's a real correlation between a society that tells people that they can do anything, and the existence of low self-esteem. So that's another way in which something quite positive can have a nasty kickback. There is another reason why we might be feeling more anxious -- about our careers, about our status in the world today, than ever before. And it's, again, linked to something nice. And that nice thing is called meritocracy.
Il y a une vrai relation, entre une société qui dit aux gens qu'ils peuvent tout faire, et l'existence d'une faible estime de soi. Donc, c'est un autre moyen avec lequel quelque chose qui est plutôt positif, peut avoir un mauvais rebond. Il y a une autre raison pour laquelle on pourrait se sentir plus anxieux que jamais pour nos carrières, sur notre statut dans le monde d'aujourd'hui. Et c'est encore une fois, lié à quelque chose de bien. Et cette bonne chose c'est la méritocratie.
Everybody, all politicians on Left and Right, agree that meritocracy is a great thing, and we should all be trying to make our societies really, really meritocratic. In other words -- what is a meritocratic society? A meritocratic society is one in which, if you've got talent and energy and skill, you will get to the top, nothing should hold you back. It's a beautiful idea. The problem is, if you really believe in a society where those who merit to get to the top, get to the top, you'll also, by implication, and in a far more nasty way, believe in a society where those who deserve to get to the bottom also get to the bottom and stay there. In other words, your position in life comes to seem not accidental, but merited and deserved. And that makes failure seem much more crushing.
Tous les politiciens de gauche et de droite, sont d'accord sur le fait que la méritocratie est une bonne chose, et on devrait tous essayer de rendre nos sociétés réellement méritocratiques. Autrement dit, qu'est ce qu'une société méritocratique ? Une société méritocratique est une société dans laquelle si vous avez du talent, de l'énergie et des capacités, vous rejoindrez le sommet. Rien ne vous retiendra. C'est une idée merveilleuse. Le problème est que si vous croyez réellement en une société où ceux qui le méritent arrivent en haut, vous devez croire aussi, de façon plus désagréable, en une société où ceux qui méritent de rester en bas restent en bas pour toujours. Autrement dit, votre position dans la vie n'est plus accidentelle, mais méritée. Ce qui rend l'échec beaucoup plus cuisant.
You know, in the Middle Ages, in England, when you met a very poor person, that person would be described as an "unfortunate" -- literally, somebody who had not been blessed by fortune, an unfortunate. Nowadays, particularly in the United States, if you meet someone at the bottom of society, they may unkindly be described as a "loser." There's a real difference between an unfortunate and a loser, and that shows 400 years of evolution in society and our belief in who is responsible for our lives. It's no longer the gods, it's us. We're in the driving seat.
Vous savez, au Moyen Âge, en Angleterre, quand vous rencontriez un homme pauvre, cette personne serait décrite comme "malchanceuse". Littéralement, quelqu'un qui n'a pas été béni par la chance, un malchanceux. Aujourd'hui, particulièrement aux États-Unis, si vous rencontrez quelqu'un en bas de l'échelle socialle, ils sont, méchamment, décrit comme "perdant". Il y a une réelle différence entre un malchanceux et un perdant. Ceci montre 400 ans d'évolution de la société, et qui nous croyons être responsables de nos vies. Ce n'est plus Dieu, c'est nous. Nous sommes sur le siège du conducteur.
That's exhilarating if you're doing well, and very crushing if you're not. It leads, in the worst cases -- in the analysis of a sociologist like Emil Durkheim -- it leads to increased rates of suicide. There are more suicides in developed, individualistic countries than in any other part of the world. And some of the reason for that is that people take what happens to them extremely personally -- they own their success, but they also own their failure.
C'est fabuleux si vous le faites bien, et dévastateur si vous le faites mal. Ça vous conduit, dans le pire des cas, selon l'analyse d'un sociologue comme Emil Durkheim, à une augmentation du taux de suicide. Il y a plus de suicide dans les pays développés et individualistes que dans toute autre partie du monde. Et une des raisons est que les gens prennent ce qui leur arrive très personnellement. Le succès leur appartient. Mais les échecs aussi.
Is there any relief from some of these pressures that I've been outlining? I think there is. I just want to turn to a few of them. Let's take meritocracy. This idea that everybody deserves to get where they get to, I think it's a crazy idea, completely crazy. I will support any politician of Left and Right, with any halfway-decent meritocratic idea; I am a meritocrat in that sense. But I think it's insane to believe that we will ever make a society that is genuinely meritocratic; it's an impossible dream.
Y a-t-il une sorte de soulagement à certaines de ces pressions que l'on vient de souligner ? Je pense que oui. Je veux juste me concentrer sur certaines d'entre elles. Prenons la méritocratie. Cette idée que tout le monde mérite d'arriver où ils arrivent. Je pense que c'est une idée folle, complètement folle. Je supporterai n'importe quel politicien de gauche ou de droite, avec n'importe quelle demi-idée de méritocratie. Je suis méritocratique, un point c'est tout. Mais je pense que c'est fou de croire que l'on peut faire une société vraiment méritocratique. C'est un rêve impossible. L'idée de faire une société
The idea that we will make a society where literally everybody is graded, the good at the top, bad at the bottom, exactly done as it should be, is impossible. There are simply too many random factors: accidents, accidents of birth, accidents of things dropping on people's heads, illnesses, etc. We will never get to grade them, never get to grade people as they should.
où réellement tout le monde est bien noté, les bons au sommet, et les mauvais en bas de l'échelle, et tout est bien fait comme on devrait, c'est impossible. Il y a simplement trop de facteurs aléatoires. Accidents, accidents de naissance, accidents d'objets qui tombent sur la tête des gens, maladies, etc. On n'arrivera jamais à bien les noter. On n'arrivera jamais à noter les personnes comme elles devraient l'être.
I'm drawn to a lovely quote by St. Augustine in "The City of God," where he says, "It's a sin to judge any man by his post." In modern English that would mean it's a sin to come to any view of who you should talk to, dependent on their business card. It's not the post that should count. According to St. Augustine, only God can really put everybody in their place; he's going to do that on the Day of Judgment, with angels and trumpets, and the skies will open. Insane idea, if you're a secularist person, like me. But something very valuable in that idea, nevertheless.
Il y a une adorable citation de Saint Augustin dans "The City of God" (La Cité de Dieu), où il dit, « C'est un péché de juger n'importe quel homme par son poste ». En Anglais moderne cela signifie, c'est un péché d'avoir une certaine vision des personnes auxquelles nous devrions parler selon leurs cartes de visite. Ce n'est pas le poste qui compte. Et selon Saint Augustin, Dieu uniquement peut mettre chacun à sa place. Et il le fera le jour du jugement avec anges et trompettes, et le ciel s'ouvrira. Une idée complètement folle, si vous êtes une personne laïque comme moi. Malgré tout, quelque chose reste valable dans cette idée.
In other words, hold your horses when you're coming to judge people. You don't necessarily know what someone's true value is. That is an unknown part of them, and we shouldn't behave as though it is known. There is another source of solace and comfort for all this. When we think about failing in life, when we think about failure, one of the reasons why we fear failing is not just a loss of income, a loss of status. What we fear is the judgment and ridicule of others. And it exists.
En d'autres termes, retenez-vous quand il s'agit de juger les autres. Vous ne connaissez pas nécessairement la valeur des autres. C'est une partie inconnue d'eux. Et on ne devrait pas se conduire comme si l'on savait. Il y a une autre source de consolation dans tout ça. Quand vous pensez à l'échec dans la vie, une des raisons pour laquelle nous avons peur de l'échec ce n'est pas une perte de revenu, une perte de statut. Ce que nous craignons c'est le jugement des autres et le ridicule. Et ça existe. Vous savez, le premier instrument du ridicule
The number one organ of ridicule, nowadays, is the newspaper. If you open the newspaper any day of the week, it's full of people who've messed up their lives. They've slept with the wrong person, taken the wrong substance, passed the wrong piece of legislation -- whatever it is, and then are fit for ridicule. In other words, they have failed. And they are described as "losers." Now, is there any alternative to this? I think the Western tradition shows us one glorious alternative, which is tragedy.
aujourd'hui, c'est la presse. Et si vous ouvrez un journal n'importe quel jour de la semaine, c'est plein de gens qui ont loupé leurs vies. Ils ont couché avec la mauvaise personne. Ils ont pris une mauvaise substance. Ils ont adopté la mauvaise loi. Peu importe ce que c'est. Et on les ridiculise. En d'autres termes, ils ont échoué. Et ils sont décrits comme des perdants. Est-ce qu'il y a une alternative à ça ? Je pense que les traditions occidentales nous montrent une alternative glorieuse.
Tragic art, as it developed in the theaters of ancient Greece, in the fifth century B.C., was essentially an art form devoted to tracing how people fail, and also according them a level of sympathy, which ordinary life would not necessarily accord them. A few years ago, I was thinking about this, and I went to "The Sunday Sport," a tabloid newspaper I don't recommend you start reading if you're not familiar with it already.
C'est la tragédie. La tragedie, développée dans les théâtres de la Grèce ancienne, pendant le 5ème siècle avant J.-C., était une forme d'art consacré à retracer les échecs des gens. Et à leur accorder aussi un certain niveau de sympathie. Dans la vie ordinaire, cela ne se produit pas nécessairement. Je me souviens il y a quelques années, j'y réfléchissais. Et je suis allé voir "The Sunday Sport" (Sport Dimanche) de la presse populaire que je ne vous recommande pas de commencer à lire, si vous n'y êtes pas déjà familier.
(Laughter)
Et je suis allé leur parler
And I went to talk to them about certain of the great tragedies of Western art. I wanted to see how they would seize the bare bones of certain stories, if they came in as a news item at the news desk on a Saturday afternoon.
de certaines des grandes tragédies de l'art occidental. Je voulais voir comment ils comprendraient l'essentiel de certaines histoires arrivant comme de nouveaux sujets d'actualité
I mentioned Othello; they'd not heard of it but were fascinated.
à la rédaction, un samedi après-midi.
Je leur ai donc raconté Othello. Ils n’en n’avaient jamais entendu parler mais ils ont adoré.
(Laughter)
(Rires)
I asked them to write a headline for the story. They came up with "Love-Crazed Immigrant Kills Senator's Daughter." Splashed across the headline. I gave them the plotline of Madame Bovary. Again, a book they were enchanted to discover. And they wrote "Shopaholic Adulteress Swallows Arsenic After Credit Fraud."
Et je leur ai demandé d'écrire le titre de l'article sur l'histoire d’Othello. Ils ont sorti « Immigrant Fou Amoureux Tue La Fille Du Sénateur ». Gros titre. Je leur ai passé l'histoire de Madame Bovary. Encore une fois, un livre qu'ils ont adoré découvrir. Et ils ont écrit « Accroc du Shopping Adultère Avale de l'Arsenic Après Fraude Financière ».
(Laughter)
(Rires)
And then my favorite -- they really do have a kind of genius of their own, these guys -- my favorite is Sophocles' Oedipus the King: "Sex With Mum Was Blinding."
Et enfin mon préféré. Ils ont vraiment un génie bien à eux, ces gars là. Mon préféré c'est « Œdipe roi » de Sophocle : « Sexe Avec Sa Mère Aveuglant »
(Laughter)
(Rire)
(Applause)
(Applaudissement)
In a way, if you like, at one end of the spectrum of sympathy, you've got the tabloid newspaper. At the other end of the spectrum, you've got tragedy and tragic art. And I suppose I'm arguing that we should learn a little bit about what's happening in tragic art. It would be insane to call Hamlet a loser. He is not a loser, though he has lost. And I think that is the message of tragedy to us, and why it's so very, very important, I think.
En quelque sorte, si vous voulez, à l'extrémité du spectre de la sympathie, vous avez la presse populaire. À l'autre extrémité du spectre, vous avez la tragédie et l'art dramatique. Et je discute du fait qu'on devrait apprendre un peu de ce qui se passe dans l'art tragique. Ce serait fou d'appeler Hamlet un perdant. Il n'est pas un perdant, meme si il a perdu. Et je pense que c'est le message de la tragédie pour nous, et la raison pour laquelle c'est si important.
The other thing about modern society and why it causes this anxiety, is that we have nothing at its center that is non-human. We are the first society to be living in a world where we don't worship anything other than ourselves. We think very highly of ourselves, and so we should; we've put people on the Moon, done all sorts of extraordinary things. And so we tend to worship ourselves. Our heroes are human heroes.
L'autre sujet de la société moderne, et la raison pour laquelle cela cause une telle anxiété, c'est que nous n'avons rien dans son cœur qui ne soit pas humain. On est la première société qui vit dans un monde où l'on ne vénère rien d'autre que nous même. On a une très haute considération de nous même. Et ça devrait être ainsi. On a emmené des gens sur la Lune. On a fait toutes sortes de choses extraordinaires. Et ainsi nous avons tendance à nous adorer nous-mêmes.
That's a very new situation. Most other societies have had, right at their center, the worship of something transcendent: a god, a spirit, a natural force, the universe, whatever it is -- something else that is being worshiped. We've slightly lost the habit of doing that, which is, I think, why we're particularly drawn to nature. Not for the sake of our health, though it's often presented that way, but because it's an escape from the human anthill. It's an escape from our own competition, and our own dramas. And that's why we enjoy looking at glaciers and oceans, and contemplating the Earth from outside its perimeters, etc. We like to feel in contact with something that is non-human, and that is so deeply important to us.
Nos héros sont des héros humains. C'est une situation complètement nouvelle. Beaucoup d'autres sociétés ont eu en leur centre, la vénération de quelque chose de transcendant. Un Dieu, un esprit, une force naturelle, l'univers. Quoi qu'il en soit, quelque chose d'autre qui est adoré. On a un peu perdu l'habitude de le faire. Ce qui justifie que nous soyons si attirés par la nature. Non pas pour notre santé, même si c'est souvent présenté de cette façon. Mais parce qu'on fuit de la fourmilière. C'est une fuite de notre propre compétition, et de nos drames personnels. Voilà pourquoi nous aimons tant regarder les glaciers et les océans, et contempler la Terre en dehors de son périmètre, etc. Nous aimons sentir le contact avec quelque chose qui n'est pas humain. Et qui est si important pour nous.
What I think I've been talking about really is success and failure. And one of the interesting things about success is that we think we know what it means. If I said that there's somebody behind the screen who's very successful, certain ideas would immediately come to mind. You'd think that person might have made a lot of money, achieved renown in some field. My own theory of success -- I'm somebody who's very interested in success, I really want to be successful, always thinking, how can I be more successful? But as I get older, I'm also very nuanced about what that word "success" might mean.
Je pense avoir réellement parlé du succès et de l'échec. Et une des choses intéressantes du succès est que nous pensons savoir ce que ça représente. Si je vous disais qu'il y a quelqu'un derrière l'écran qui a beaucoup de succès, certaines idées vous viendront immédiatement. Vous pourriez penser à quelqu'un qui a gagné beaucoup d'argent, qui a réussi quelque chose dans un certain domaine. Ma propre théorie du succès, et je suis quelqu'un qui est très intéressé par le succès. Je veux vraiment avoir du succès. Je suis toujours en train de penser, « Comment est-ce que je pourrai avoir plus de succès ? » Mais en vieillissant, je suis aussi très subtil sur ce que le mot "succès" peut signifier.
Here's an insight that I've had about success: You can't be successful at everything. We hear a lot of talk about work-life balance. Nonsense. You can't have it all. You can't. So any vision of success has to admit what it's losing out on, where the element of loss is. And I think any wise life will accept, as I say, that there is going to be an element where we're not succeeding.
Voici une intuition que j'ai eue sur le succès. Vous ne pouvez pas avoir de succès partout. On entend beaucoup parler de l'équilibre travail/vie personnelle. Ca n'a pas de sens. Vous ne pouvez pas tout avoir. Vraiment. Donc n'importe quelle vision du succès doit admettre ce que vous êtes en train de perdre, où est l'élément de perte. Et je pense que n'importe quelle personne avisée acceptera qu'il doive y avoir un élément d'insuccès.
And the thing about a successful life is that a lot of the time, our ideas of what it would mean to live successfully are not our own. They're sucked in from other people; chiefly, if you're a man, your father, and if you're a woman, your mother. Psychoanalysis has been drumming home this message for about 80 years. No one's quite listening hard enough, but I very much believe it's true.
Et l'élément qui fait une vie réussie, la plupart du temps, nos idées de ce que nous pensons être une vie réussie, ne sont pas les nôtres. Elles sont englouties par les autres. Si vous êtes un homme, votre père. Si vous êtes une femme, votre mère. La psychanalyse a essayé de transmettre ce message pendant 80 ans. Personne n'écoute assez. Mais je crois vraiment que ce soit vrai.
And we also suck in messages from everything from the television, to advertising, to marketing, etc. These are hugely powerful forces that define what we want and how we view ourselves. When we're told that banking is a very respectable profession, a lot of us want to go into banking. When banking is no longer so respectable, we lose interest in banking. We are highly open to suggestion.
Et nous engloutissons aussi des messages de tous les côtés, de la télévision, de la publicité, du marketing, etc. Ce sont des forces très puissantes qui définissent ce que nous voulons et comment nous nous voyons. Quand on nous dit que banquier est une profession très respectable beaucoup de gens veulent travailler dans les banques. Quand les banquiers ne sont plus si respectables, nous perdons notre intérêt dans le secteur bancaire. On est très ouvert aux conseils.
So what I want to argue for is not that we should give up on our ideas of success, but we should make sure that they are our own. We should focus in on our ideas, and make sure that we own them; that we are truly the authors of our own ambitions. Because it's bad enough not getting what you want, but it's even worse to have an idea of what it is you want, and find out, at the end of the journey, that it isn't, in fact, what you wanted all along.
Ce que je soutiens, ce n'est pas que nous devrions laisser tomber nos idées sur le succès. Mais nous devons nous assurer que ce sont les nôtres. On devrait être plus concentré sur nos idées. Et nous assurer de les maîtriser, que nous sommes vraiment les auteurs de nos ambitions. Parce que c'est déjà assez pourri de ne pas avoir ce qu'on veut. Mais c'est encore pire d'avoir une idée de ce que qu'on veut, et de découvrir à la fin, qu'en fait ce n'est pas ce qu'on voulait.
So, I'm going to end it there. But what I really want to stress is: by all means, success, yes. But let's accept the strangeness of some of our ideas. Let's probe away at our notions of success. Let's make sure our ideas of success are truly our own.
Je vais donc terminer ici. Mais ce que je veux réellement souligner je vous en prie, succès, oui. Mais acceptons l'étrangeté de certaines de nos idées. Débarrassons-nous de nos notions de succès. Soyons sûrs que nos idées du succès soient réellement les nôtres.
Thank you very much.
Merci beaucoup.
(Applause)
(Applaudissements)
Chris Anderson: That was fascinating. But how do you reconcile this idea of it being bad to think of someone as a "loser," with the idea that a lot of people like, of seizing control of your life, and that a society that encourages that, perhaps has to have some winners and losers?
Chris Anderson : C'était fascinant. Comment concilier cette idée de considérer quelqu'un comme un perdant, avec l'idée que beaucoup de gens aiment, de prendre le contrôle de notre vie. Et qu'une société qui encourage le fait d'avoir des gagnants et des perdants.
Alain De Botton: Yes, I think it's merely the randomness of the winning and losing process that I want to stress, because the emphasis nowadays is so much on the justice of everything, and politicians always talk about justice. Now I'm a firm believer in justice, I just think that it's impossible. So we should do everything we can to pursue it, but we should always remember that whoever is facing us, whatever has happened in their lives, there will be a strong element of the haphazard. That's what I'm trying to leave room for; otherwise, it can get quite claustrophobic.
Alain de Botton : Oui. Je pense que c'est juste le caractère aléatoire du processus gagnant perdant que je voulais souligner. Parce que l'accent est aujourd'hui sur la justice de toutes les choses. Et les politiciens parlent toujours de justice. Je crois fermement en la justice. Je pense juste que c'est impossible. On devrait donc faire de notre mieux, pour l'obtenir. Mais à la fin de la journée on devrait toujours se souvenir que quiconque se présente à nous, quoi qu'il leur soit arrivé, il y aura toujours une partie importante due au hasard. Et c'est sur cela que je veux laisser de la place. Parce qu'autrement ça peux devenir relativement fermé et oppressant.
CA: I mean, do you believe that you can combine your kind of kinder, gentler philosophy of work with a successful economy? Or do you think that you can't, but it doesn't matter that much that we're putting too much emphasis on that?
Chris Anderson : Croyez-vous que l'on puisse combiner votre douce philosophie du travail avec une économie prospère ? Ou on ne peut pas? Mais ne sommes nous pas en train de donner trop d'importance au sujet ?
AB: The nightmare thought is that frightening people is the best way to get work out of them, and that somehow the crueler the environment, the more people will rise to the challenge. You want to think, who would you like as your ideal dad? And your ideal dad is somebody who is tough but gentle. And it's a very hard line to make. We need fathers, as it were, the exemplary father figures in society, avoiding the two extremes, which is the authoritarian disciplinarian on the one hand, and on the other, the lax, no-rules option.
Alain de Botton : Le cauchemar c'est que effrayer les personnes est le meilleur moyen de les faire travailler. En quelque sorte, plus l'environnement est cruel plus les personnes vont essayer de se montrer à la hauteur. Qui voudriez vous comme père idéal ? Votre père idéal est quelqu'un de dur mais gentil à la fois. Difficile à trouver. On a besoin de pères exemplaires, en évitant les deux extrêmes. C'est à dire les autoritaires, disciplinés d'un coté. Et de l'autre coté, les laxistes, sans règles.
CA: Alain De Botton.
Chris Anderson : Alain de Botton.
AB: Thank you very much.
Alain de Botton : Merci beaucoup.
(Applause)
(Applaudissements)